ENVIRONNEMENTS IMMERSIFS

Environnement et conditionnement

« All control is exerted by the environment ».
B.F. Skinner (1971), in Beyond Freedom and Dignity

Dans les années 1960, les notions d’environnement, de (dé)conditionnement, de stimulation débordent le cadre de la psychologie behavioriste et se répandent dans une variété de discours scientifiques, de pratiques artistiques, de discours théoriques. Certains concepts modélisateurs parlent alors aux psychologues autant qu’aux artistes multimédias : le sujet participe, il est dans un environnement défini. Son comportement peut être modifié par des stimuli variés. Les notions de conditionnement et déconditionnement se rattachent à la conception d’un sujet saisi dans une nouvelle objectivité, avec des outils nouveaux qui couplent souvent pharmacologie et stimulis multimédias. Le corps par l’intermédiaire des sens se comprend ici souvent comme une interface. Par l’intermédiaire de protocoles normés, cette interface offre un accès à une personnalité devenue malléable sous cette logique du (dé)conditionnement. La déprise de soi, associée à la méditation par exemple ou à des formes d’expériences élargies de la conscience, a toujours pour revers la possibilité que cette perte de contrôle ne soit que l’effet d’un conditionnement. Mais la logique intégrative du paradigme du contrôle peut aussi conduire la réflection vers les erreurs de la tautologie, et enfermer l’individu dans l’obsession, la paranoïa. Dans un roman du pionnier du behaviorisme B.F. Skinner, Walden Two (1948) qui décrit la vie d’une communauté utopique, un personnage semble en énoncer le paradoxe dangereux: « I’ve had only one idea in my life – a true idée fixe. To put it as bluntly as possible – the idea of having my own way. Control expresses it. The control of human behavior. »

Dans les années 1960, nombres de discours qui légitiment les pratiques artistiques en cours participe de cette volonté d’impact sur le sujet, le spectateur, le visiteur. Les oeuvres sont décrites en tant qu’elles veulent activer, faire participer. Des nouveaux genres ont pour tronc commun cette volonté de penser l’intégration du spectateur à l’oeuvre, de manière agressive ou pacifiée, de toucher aux limites et aux conditions mêmes de sa sensibilité. L’art cinétique et son désir d’attaquer l’oeil du spectateur en créant des vertiges optiques, en mettant à mal le nerf optique , l’environnement et se désir de concevoir le spectateur en relation à l’oeuvre, l’architecture radicale, et sa volonté d’intégrer dans ses développements les technologies médiatiques et pharmacologiques ou encore le cinéma et les arts élargis. Ces différentes pratiques sont concernées par la question de l’environnement et souvent, des projets radicaux imaginent des immersions totales ou le sujet est intégré entièrement. L’utopie rejoint ici la dystopie. L’équilibre d’un contrôle maitrisé de la personnalité se confond avec la quête d’un vie équilibrée. Ces formes se développeront aussi dans un caractère plus performatif. Le multimédia ira naturellement à la rencontre de la télévision et la culture pop.

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